L’enquête en bref

Le Projet de Transition Professionnelle permet aux salariés de s’absenter de leur poste de travail et de suivre une formation certifiante pour changer de métier ou de profession. Les Associations Transitions Pro prennent en charge les frais pédagogiques et maintiennent le salaire du bénéficiaire pendant la durée de la formation.

Depuis 2020, environ 80 000 personnes ont terminé une formation financée dans le cadre d’un PTP au sein du réseau des Transitions Pro.

Découvrez en détail l’ensemble des données issues de notre enquête nationale menée auprès des bénéficiaires de ce dispositif.

Les commentaires suivant ne portent que sur les résultats 2024.

• Avant l’entrée en formation, un tiers des salariés ont un niveau inférieur au bac
• Les formations les plus fréquemment financées sont de niveau 3 et dans le domaine de la santé.
• 6 mois après la fin de la formation, 92 % des bénéficiaires d’un PTP ont réalisé leur projet ou poursuivent leur parcours de reconversion.
• Parmi eux, 59 % occupent un poste en lien avec la formation suivie
• 80 % des bénéficiaires occupant un nouveau poste  affirment que leurs nouvelles conditions de travail sont meilleures ou bien meilleures qu’avant.

La situation professionnelle des bénéficiaires

Deux familles de métiers dominantes

Avant d’entrer en formation, les bénéficiaires d’un PTP sont des salariés : 96 % occupaient un poste en CDI, 4 % étaient en CDD, en intérim ou intermittents du spectacle.

41 % d’entre eux travaillaient dans 2 principaux secteurs d’activités : la santé et l’action sociale (22 %) et le commerce (19 %). Les salariés issus de l’industrie manufacturière sont également bien représentés (11 %).

Plus en détail, la moitié des salariés se concentrent sur 10 domaines professionnels. Figure 1

• Le domaine « Aide la vie quotidienne » concerne 11 % des salariés : ils exercent des métiers d’assistance auprès des adultes ou des enfants, d’employés à domicile …
• Le domaine « Grande distribution » regroupe 7 % des salariés : ils exercent des métiers de personnel de caisse et/ou de mise en rayon…

Une reconversion à mi-parcours de la vie professionnelle

Sur une carrière professionnelle d’environ 42 ans, le changement de vie professionnelle survient généralement un peu avant la mi-parcours. En effet, en moyenne, 17 ans se sont écoulés entre le moment où le bénéficiaire a débuté sa vie active et son entrée en formation dans le but de se reconvertir.

À la date de leur entrée en formation, 32 % des salariés étaient depuis plus de 9 ans dans leur entreprise. À l’inverse, 21 % y étaient depuis moins de 3 ans.

Former les salariés moins qualifiés

Privilégier la formation des salariés les moins qualifiés est une préoccupation constante des Transitions Pro. À l’entrée en formation, 42 % ont un niveau 3 ou sont non diplômés. 28 % avaient un niveau 4. Figure 2

40 % des personnes formées sont des hommes et  60 % des femmes. Les hommes ont un niveau d’études initiales un peu plus faible que celui des femmes (45 % ont un niveau inférieur au bac contre 40 % des femmes).

S’engager dans une formation longue afin de se reconvertir ou d’évoluer est un choix qui se fait le plus souvent à mi-parcours de carrière. L’âge des bénéficiaires d’une formation le confirme : 40 % ont entre 35 et 44 ans. Les salariés séniors s’engagent moins souvent dans cette démarche : seuls 13 % des bénéficiaires ont plus de 50 ans. Figure 3

Les formations dans le domaine du transport et de la santé sont plébiscitées

Les formations les plus suivies par les bénéficiaires sont assez spécifiques au public éligible au dispositif PTP.

Les formations dans le domaine de la santé et celles dans le domaine du transport, manutention, magasinage occupent les deux premières places avec respectivement 17 % et 13 % des bénéficiaires d’un PTP. Figure 4

Dans ces deux domaines, deux formations sont fortement plébiscitées. Il s’agit du  Diplôme d’État d’aide-soignant (9  %) et du Titre professionnel conducteur du transport routier de marchandises sur porteur (7 % des bénéficiaires).

• 26 % des formations financées sont de niveau 3. Elles sont plus fortement représentées dans le domaine de de la cuisine (95 %) et du transport (79 %).
• 32 % des formations sont de niveau 4. Mais ce taux monte à 75 % pour les formations en santé et à 83 % pour celles dans le domaine du secrétariat, bureautique.
• 25 % des formations sont de niveau 5. Le domaine ressources humaines, gestion du personnel, gestion de l’emploi compte 81 % de formation de ce niveau, l’informatique et l’enseignement-formation 82 %. Figure 5

Plus de 9 salariés sur 10 réussissent leur examen

En 2024, 97 % des salariés ont mené leur formation jusqu’à son terme, et 94 % ont obtenu leur diplôme à l’issue de leur projet. Le taux de réussite varie selon les domaines : il est légèrement inférieur en informatique (90 %), mais atteint 98 % pour les formations en électricité et génie climatique. Figure 6

Se former : une démarche volontaire

Pourquoi faire le choix de se reconvertir ? Les motivations à entamer une reconversion sont souvent multiples et  combinées. Si l’amélioration des compétences (82 %) et du statut professionnel (78 %) figurent parmi les raisons les plus fréquemment citées, ce sont davantage des facteurs liés au sens et à l’épanouissement personnel qui ressortent comme motivations principales : le désir de réaliser le métier de ses rêves (16 %) et le manque d’intérêt pour l’ancien métier (16 %) arrivent en tête. Cela souligne une dynamique de reconversion davantage portée par la quête de sens que par des contraintes extérieures.

Pour autant, une part significative des répondants évoque des raisons plus contraintes, liées à des situations professionnelles difficiles. Près d’un tiers ont mentionné des problèmes de santé les empêchant de poursuivre leur activité, et plus de 6 sur 10 ont cité des conditions de travail dégradées. Même si ces motifs sont moins souvent désignés comme la principale motivation, ils rappellent que la reconversion peut aussi être une nécessité, pour préserver sa santé ou retrouver un cadre de travail plus respectueux.

9 bénéficiaires sur 10 réalisent leur projet de transition professionnelle

Parmi les sortants 2024, six mois après la fin de leur formation, 92 % des bénéficiaires ont déjà concrétisé leur projet ou poursuivent activement leur reconversion.Figure 7
Plus précisément, 59 % occupent un poste en lien direct avec leur nouvelle qualification. Ce chiffre est stable par rapport à l’année dernière mais en progression sur 5 ans : il était de 49 % en 2020, marquée par la crise sanitaire, et de 57 % en 2021.
Ne pas avoir encore finalisé sa reconversion à six mois ne signifie pas pour autant un abandon du projet. En 2024, 33 % des bénéficiaires sont toujours en phase de transition : ils poursuivent leurs démarches et recherchent un emploi correspondant à leur formation.
Enfin, moins d’un salarié sur dix a mis fin à son projet de reconversion.

Les femmes ainsi que les jeunes réussissent davantage leur reconversion professionnelle

• Les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à avoir concrétisé leur projet de reconversion : 61 % contre 54 %. Cette différence peut s’expliquer en partie par les domaines de formation choisis dans le cadre du PTP. Les femmes s’orientent plus fréquemment vers les secteurs de la santé ou du travail social, où les taux de réussite sont généralement plus élevés.
• L’âge apparaît également comme un facteur déterminant dans la réussite du projet. Six mois après la fin de leur formation, 64 % des moins de 30 ans ont mis en œuvre leur reconversion, contre seulement 46 % des salariés âgés de 50 ans et plus. Les plus jeunes abandonnent aussi moins souvent leur projet (8 % contre 16 % chez les plus de 50 ans). Les seniors sont toutefois plus nombreux à être encore en phase de transition : 39 % poursuivent la mise en œuvre de leur projet, ce qui suggère que le processus de reconversion peut prendre davantage de temps à se concrétiser pour cette tranche d’âge.

Le taux de personnes qui occupent un poste en lien avec leur formation est en revanche le même quel que soit leur niveau initial.

Des projets qui peuvent prendre plus de temps à se réaliser

Ne pas avoir réalisé sa transition 6 mois après la fin de la formation ne signifie pas un abandon du projet. Pour 32 % des bénéficiaires, cette durée n’a pas suffi à mettre en œuvre leur projet de transition : 6 mois après la fin de la formation, ils sont à la recherche d’un poste en lien avec leur formation, en train de créer leur entreprise ou de retour en formation. Ils peuvent se trouver dans plusieurs situations vis-à-vis du marché du travail :

• Ils ont repris leur ancien poste de travail (53 %)
• Ils occupent un poste sans lien avec leur formation (5 %)
• Ils n’occupent pas d’emploi (42 %)

Le taux de bénéficiaire en cours de transition est par exemple élevé après une formation dans le domaine de l’agriculture car trois quarts des bénéficiaires sont en cours de création ou de reprise d’une exploitation  agricole, projet qui peut nécessite plus de 6 mois …

Quel nouvel emploi ?

La mise en œuvre d’un projet de reconversion professionnelle peut varier selon le type de contrat occupé avant la formation. Dans certains secteurs, les bénéficiaires doivent d’abord acquérir une expérience professionnelle avant d’accéder à un CDI, et acceptent donc des CDD comme étape intermédiaire. À l’inverse, d’autres salariés ont entrepris une reconversion précisément pour sortir d’une situation de précarité et accéder à un emploi stable.

Six mois après leur formation, plus d’un salarié sur deux trouve un emploi en CDI

Parmi les personnes ayant concrétisé leur reconversion professionnelle, 55 % ont été embauchées en CDI et 31 % en CDD. Figure 8
Des écarts apparaissent selon le genre : 58 % des hommes accèdent à un CDI après leur formation, contre 53 % des femmes. Ces dernières sont également plus nombreuses à être en CDD (35 % contre 24 %).

Les opportunités de création d’entreprise varient également selon les domaines de formation. Les hommes, qui se reconvertissent plus fréquemment dans des secteurs comme le bâtiment ou la cuisine, sont 12 % à être devenus chefs d’entreprise, contre 7 % des femmes..

De manière comparable à la structure de l’emploi salarié en France, 76 % des bénéficiaires salariés sont employés par une entreprise du secteur privé.

Parmi les personnes ayant réalisé leur transition professionnelle, 18 % déclarent être restées chez leur employeur initial, tout en changeant de métier. Ce type de transition interne illustre une dynamique de mobilité  professionnelle qui peut exister au sein même des entreprises.

Davantage de reconversions réussies dans la santé et dans l’électricité

Les formations dans le domaine de la santé affichent les meilleurs résultats en matière de reconversion : 85 % des bénéficiaires occupent un poste en lien avec leur formation six mois après l’avoir terminée. Certaines spécialités se distinguent particulièrement, comme celle d’auxiliaire de puériculture (87 %) ou d’aide-soignant (84 %), avec des taux d’insertion très élevés.

Les formations en électricité et électronique arrivent en deuxième position, avec 65 % de transitions réussies. Parmi elles, le Titre Professionnel d’électricien d’équipement du bâtiment se démarque avec un taux d’insertion de 75 %.

Le domaine du commerce complète le podium avec 64 % de bénéficiaires en poste, notamment grâce à des formations comme le Titre Professionnel de négociateur technico-commercial.

Juste derrière, les formations liées à l’enseignement et à la formation affichent également de bons résultats, avec 61 % de transitions abouties.

Ces métiers ciblés par les projets de reconversion appartiennent, pour la plupart, à la liste des métiers porteurs identifiée par les associations Transitions Pro dans chaque région.

Des bénéfices concrets sur les conditions de travail et la qualité de vie professionnelle

Près de 9 bénéficiaires sur 10 ayant réalisé leur transition, estiment que le PTP leur a permis d’améliorer leurs conditions de travail. Le changement de métier s’accompagne souvent d’une évolution positive : 80 % jugent leurs nouvelles conditions de travail meilleures ou bien meilleures qu’auparavant. Figure 9
Les retours sont très positifs sur des aspects particuliers :

• 82 % trouvent leur nouveau poste plus intéressant.
• 3 bénéficiaires sur 4 considèrent que leurs compétences sont mieux reconnues.
• 3 bénéficiaires sur 4 sont plus satisfaits des responsabilités qui leur sont confiées.
• Le temps de travail est également perçu comme plus adapté pour 64 % d’entre eux.
• La reconversion a aussi un impact sur la rémunération : 55 % des bénéficiaires déclarent percevoir un salaire plus élevé qu’avant leur formation.

Globalement 98 % estiment que leur formation leur a été utile dans leur parcours professionnel et 96 % recommenceraient cette démarche de reconversion.